“C’est avec un très grand plaisir que je vous accueille, pour cette 21e année, à Savio, dans cette école pas comme les autres. Une école où chacun arrive avec son “bagage”, souvent lourd pour certains ; une école où l’on ne juge pas ; une école qui ne triche pas ; une école qui est celle de la vie ! La vraie !
Au nom de l’équipe éducative, au nom des membres du Conseil d’administration, soyez les bienvenus, “nouveaux” et “anciens” Saviotins. Que cette nouvelle année vous soit douce, qu’elle réponde à vos attentes et qu’elle vous permette de prendre votre envol ! C’est tout ce que je vous souhaite ! Savio doit être, avant tout, un tremplin dans votre scolarité !
Il est impossible de comparer les élèves d’aujourd’hui avec ceux d’il y a 21 ans.
Nous sommes là pour vous nourrir intellectuellement. Soyez des éponges ; imbibez-vous de tout ce que nous allons vous apprendre. A Savio, on ne chute pas de niveau ; intellectuellement, nous allons vous remplir la tête; vous aider à construire une pensée, “votre” pensée, celle qui vous est propre et qui fera de chacune et chaun d’entre vous des femmes et des hommes libres !”
La société a complètement changé ; ce n’est pas pour autant qu’elle est pire aujourd’hui qu’il y a trente ans, mais il faut s’adapter à cette nouvelle société. Cela fait partie de ce que Savio apporte à ses élèves et c’est très important car dans la société qui s’annonce rien ne sera simple et l’on attend de vous que vous soyez les meilleurs.
Les nouveaux programmes sont relativement courts. Je pense que leurs concepteurs à l’Éducation Nationale ont du réfléchir au taux d’absentéisme des professeurs et se dire qu’en réduisant les programmes, ceux-ci auraient l’impression d’avoir tout fait. C’est en tout cas la réflexion que m’apporte la rentrée de mon fils en sixième. Il est rentré jeudi et plusieurs de ses professeurs sont déjà absents ! Nous allons donc, à Savio, suivre les programmes de cette année scolaire 2016-2017. Nous nous sommes procurés tous les manuels, ce qui soi-dit en passant représente un sacré budget, mais nous continuerons, avec Chantal, à consulter aussi les anciens pour mieux vous nourrir intellectuellement car nous ne pouvons pas nous contenter de ce qui est proposé.
La nouveauté, ce sont les E.P.I., les enseignements pratiques interdisciplinaires que nous pratiquons à Savio depuis vingt ans. C’est-à-dire qu’en concertation avec vos professeurs nous déciderons de travailler sur un sujet, tout en mixant plusieurs matières. Nous allons travailler sur l’environnement et vous faire créer des composteurs dans un premier temps. En mathématiques et en SVT nous nous intéresserons également au compostage et le tout fera votre premier E.P.I. Ensuite, avec Robin, nous associerons la littérature avec la musique et le dessin.
Des expositions auront lieu à la fin de l’année pour la fête de l’école, dont une qui rassemblera tous vos travaux. Et si, en cours d’année, vous êtes véritablement prolixes nous ferons une exposition à Saint-Léger de la Martinière.
Aujourd’hui, en tant que Vice-président de la Communauté de communes du Mellois, j’ai adressé à madame la ministre de l’Éducation Nationale un courrier pour lui signaler tout ce qui ne fonctionne pas avec les agents des écoles. Je l’ai même invitée à nous rendre visite avant Noël. Viendra-t-elle, ne viendra-t-elle pas ? Je ne sais pas, mais il faut continuer à croire en ce que l’on fait pour avancer.
En cette rentrée vous êtes 25 élèves à Savio. C’est un choix afin que nous puissions bien vous connaître et nous occuper de vous. Nous devons savoir comment vous fonctionner pour vous alimenter en fonction de qui vous êtes. Sans jugement de notre part, puisqu’à Savio – et c’est l’une de nos forces -, nous ne sommes pas là pour vous juger, ni vos copains d’ailleurs. Tout le monde est dans le même bateau et votre dénominateur commun c’est que vous n’aimez pas l’école.
À l’origine, nous nous nommions « Maison », puis nous sommes devenus « École-Collège Dominique Savio ». Ce changement de dénomination est dû au fait que la classe d’Isabelle est désormais reconnue par l’Éducation Nationale. Pour le collège c’est plus compliqué parce qu’une reconnaissance serait onéreuse pour le ministère. Donc, même si on nous fait de grands sourires et si nous sommes régulièrement inspectés, nous restons un établissement hors-contrat ce qui nous donne la liberté d’agir et d’exploiter nos différences, d’avancer au travers des programmes, mais aussi de rencontres intéressantes initiées par nos soins. Par contre les plaques d’adresse vont être modifiées et indiqueront désormais « École-Collège Dominique Savio ».
Savio est jumelé avec l ‘École du succès de Sainte-Anne, en Guadeloupe, qui a changé de nom pour devenir « Graine de génie ». Nous accueillerons certains de ses membres durant l’année scolaire.
Je vous signale que je dispose d’une page facebook, mais que le collège Dominique Savio en possède une également que je nourris abondamment car je maîtrise bien cet instrument. Il y a des infos et beaucoup de photos, n’hésitez pas à les visiter.
En littérature, les troisièmes plancheront sur une œuvre et les cinquièmes et quatrièmes sur une autre. Il s’agit de deux romans écrits par deux habitants de Saint-Léger de la Martinière dont les titres sont Ils étaient sept (paru en juin) et Pantins, lutins, nains de jardins (paru en août). Ce sont deux bons bouquins et comme les auteurs sont ici, nous les recevrons et les accueillerons. J’avais d’autres ouvrages en tête pour cette année, mais lorsque j’ai constaté que c’était de la bonne littérature, je me suis dit : travaillons avec les talents du territoire. Je précise que la suite de Ils étaient sept paraîtra à Noël. Pour les parents, vous aurez juste à régler les livres sur lesquels ils vont travailler.
Nous avons un projet avec le musée de Rauranum, à Rom, qui mène des fouilles sur le site de l’antique cité gallo-romaine. Je rencontrerai le directeur le 24 septembre pour organiser votre travail avec le musée, où vous étudierez la médecine de l’Antiquité. Vous vous rendrez aussi à l’Espace Mendès-France à Poitiers, où vous visiterez les expositions en cours à partir desquelles vous aurez un travail à faire.
J’aimerais également mettre en place le projet artistique et culturel avec les foyers ruraux à Lezay. Cela tarde un peu, mais j’ai appris avec eux à ne pas être pressé. Nous continuerons tout ce que nous faisions déjà l’année précédente, dont le théâtre et la philo avec Robin, qui se fera en alternance avec la vie de classe la semaine suivante. Le mercredi reste la journée culturelle, différente de l’an dernier cependant parce qu’il faut évoluer et aller de l’avant.
Il y a du nouveau dans la communication avec les parents et j’attends d’eux qu’ils soient exigeants et demandent à voir chaque week-end les trois cahiers, qui doivent nous revenir signés. S’il y a un problème à un moment ou un autre, je vous demande de me le signaler. Vous devez suivre ce qui est fait à Savio, l’évolution du travail de votre enfant et nous devons travailler main dans la main. Ce n’est pas pour rien que je fais l’école des parents. On écrit partout aujourd’hui qu’être parent c’est un métier. Super ! Pour ce métier de parent, il n’y a pas d’école, pas de formation, pas de diplôme, pas de départ en retraite et on est parent jusqu’à la fin de sa vie. Donc, on fait avec ce qu’on est et avec ce qu’on a…je dis bien avec ce qu’on est et avec ce qu’on a… On fait de son mieux.
Je tiens vraiment à ce que nous travaillions ensemble, que vous exigiez de voir ces cahiers, c’est un respect non seulement du travail de vos enfants mais également du nôtre. Un nouveau cahier va se balader chez vous tous les week-ends, je l’ai appelé « le cahier de vie de classe » : des informations et tous ces fameux E.P.I. figureront dessus. C’est-à-dire que nous y collerons avec les enfants toute l’actu de l’école ainsi que le règlement intérieur, le projet éducatif et pédagogique et l’emploi du temps. On débutera en collant la carte des Deux-Sèvre, indiquant à quel endroit se trouve la Bertramière dans ce département. Il est important que les enfants puissent se repérer dans l’espace et dans le temps. Dès vendredi prochain vous trouverez tout ce qui précède dans le « cahier de vie de classe » ainsi que la plaquette de présentation de l’école, pourquoi Savio, comment fonctionne Savio…. Chantal est le professeur principal des troisièmes, Isabelle des primaires, Robin des sixièmes, Jordan des cinquièmes et moi de quatrièmes. C’est-à-dire, pour vous parent, que s’il y a quoi que ce soit vous devez prendre contact obligatoirement avec le professeur principal. Ensuite, lorsque l’on fixera des rendez-vous, ils se dérouleront avec le professeur principal et moi-même. C’est important.
Dans ce « cahier de vie de classe », il y aura aujourd’hui le projet éducatif et pédagogique. Nous suivrons cinq objectifs. J’avais pensé vous le lire dans son intégralité, mais je crains que cela ne soit fastidieux, alors je vous remercie de le lire ce week-end et d’en parler avec votre famille, c’est super important de partager le quotidien de Savio avec votre enfant. Nous allons poursuivre cinq objectifs ; le premier : développer le vivre ensemble, le deuxième : intéresser tous les élèves selon leur tranche d’âge, le troisième : être à l’écoute pour développer la démarche en individuel et en collectif, ce pour augmenter la confiance en soi, le quatrième : être en lien constructif avec les acteurs du projet éducatif et pédagogique, les associations du territoire, le musée Rauranum, la Fédération départementale des pays ruraux et le cinquième : dépasser les frontières du territoire, élargir nos horizons avec l’accueil des petits Guadeloupéens.
Il y a donc tout d’abord ce projet éducatif et pédagogique, mais en tant que professeur de Français, ça ne me suffit pas et je continuerai le travail réalisé l’an dernier sur l’écriture. L’écriture à travers la philo, le théâtre, le cinéma et les arts visuels, plastiques, le chant et les sports. Un travail en partenariat avec la radio D4B sera fait cette année. Comme vous le voyez plein de choses vous attendent.
Apprendre à Savio, qu’est-ce que c’est ?
Les attentats, comment en parler aux enfants ? Cet été, en tant que maire, j’ai bénéficié d’une formation qui me permet d’en parler. Il ne s’agit pas de minimiser l’actu, mais de poser dessus les mots justes, à la portée des enfants.
La laïcité, qu’est-ce que c’est ? On nous en rebat les oreilles. Très bien, je leur expliquerai ce qu’est la laïcité par rapport à l’actualité dont les médias ne donnent aujourd’hui qu’une version tronquée.
Et puis, nous disposerons de la « feuille de lien », mise en place, il y a deux ans, par une stagiaire et qui fonctionne bien. Nous la ferons circuler pour faire le point, après la réunion mensuelle de l’équipe, le dernier vendredi du mois.
Vous recevrez le PPS, le projet pédagogique saviotain, i.e. vous recevrez en septembre, pour les enfants des sixième, cinquième, quatrième et troisième, une feuille de diagnostic vous demandant comment va votre enfant quels sont ses points forts et ses points faibles. L’objectif pour nous est de travailler immédiatement sur ses points faibles. Nous vous indiquerons ce que nous attendons de votre enfant d’ici Noël. Et à Noël, lorsque nous nous retrouverons entre professeurs, nous reprendrons ce PPS pour voir si nos objectifs sont atteints. Dans l’affirmative, tant mieux. Sinon on s’en fixe de nouveaux pour les vacances de février et ainsi de suite. Il faut que nous enregistrions une progression et que vous puissiez voir où en est votre enfant. Vous recevrez la feuille de notes à chaque vacances et le bulletin trimestriel à chaque fin de trimestre.
Faites attention aux dates des vacances, nous avons modifié certaines choses, car l’Éducation Nationale a fait n’importe quoi cette année. On essaye de ne pas être trop différents des autres, mais faire arrêter ou reprendre les enfants en milieu de semaine, ce n’est bon ni biologiquement, ni pédagogiquement.
Pour préparer le brevet, les enfants vont passer deux ou trois brevets blancs dans les conditions de l’examen. Plus ils en passeront et mieux ils seront préparés.
L’année à venir sera très riche. Nous aurons un week-end « école des parents ». Je vais fixer la date très rapidement. Je voudrais vraiment des parents investis i.e. qui viennent. Pas des OK le jour de la rentrée et seulement trois ou quatre parents présents le jour de la manifestation. Ce sera un samedi, cela dure toute la journée sans les enfants, mais avec l’équipe éducative et ça a lieu ici. On se présente et on se raconte, on partage les soucis. De ce fait, pas de jugement de la part des autres, mais plutôt des éléments de réponse. On déjeune ensemble et l’après-midi je fais intervenir un consultant extérieur ou je choisis un thème sur lequel nous allons travailler. Ce sont des moments très importants. Rien n’est caché et entre parents vous pouvez discuter, vous téléphoner ou vous écrire. Cette année la correspondante des parents sera Jocelyne. Je souhaite que les parents retrouvent leur juste place dans l’école. À Savio c’est facile, mais je le souhaite également en tant que responsable du scolaire sur le territoire. Je veux que les parents retrouvent la confiance en l’école, qu’ils retrouvent leur juste place et ne restent pas juste derrière les grilles, qu’ils osent mettre le pied à l’intérieur de l’école même ceux qui n’ont pas un bon souvenir de leur scolarité. La démarche est importante car les parents doivent s’investir dans l’école de leurs enfants. Au moindre questionnement, appelez-moi, ne laissez pas pourrir une situation. On doit tous être immédiatement réactifs. S’il s’agit d’un problème par rapport à une discipline, contactez le professeur principal, si c’est d’ordre général, appelez-moi, laissez-moi un message, je rappelle toujours.
J’adresse un e-mail à tout le monde le mercredi ou le jeudi pour donner l’ambiance de la semaine. J’indique ce que chacun a à faire le week-end. Vous êtes des éducateurs parentaux, vous n’êtes pas des éducateurs scolaires et vous ne devez pas vous prendre la tête avec vos enfants le week-end s’ils ne font pas leurs devoirs. Alertez-moi simplement et je m’en occuperai le lundi, à leur retour à Savio. Surtout que ce qui est demandé comme travail le week-end n’est pas insurmontable. Nous ferons rester l’élève un peu plus tard le vendredi suivant, en compagnie d’un professeur pour effectuer le travail et comprendre ce qui a pu être à l’origine d’un blocage. Les élèves de Savio doivent être responsables et acteurs de leur vie. Ils ont la chance, j’insiste lourdement, d’être entourés d’une équipe bienveillante, vigilante, qui se remet sans cesse en question, la vertu de l’éducateur étant l’humilité.
La fête des 20 ans de l’école, avec plus de 300 personnes présentes, est le témoignage d’une fidélité et d’une confiance formidable et je n’admettrai pas qu’un travail médiocre de mes équipes vienne casser cela. On est là pour l’excellence pas pour le bof, l’à-peu-près, l’amateurisme qu’il est facile de rencontrer partout. On ne peut se contenter de ça aujourd’hui.
Je préviens que nous allons revisser les boulons par rapport à l’année dernière. Les élèves étaient nombreux et certains d’un point de vue disciplinaire n’ont pas été tristes. Deux élèves se sont amusés à sortir de l’établissement le dernier jour. Conclusion, le voisin a porté plainte avec ma bénédiction et j’ai déposé une main courante. Il y a un moment où il faut savoir s’arrêter. Il existe un règlement qui vous sera lu ce soir par l’équipe, règlement auquel vous ne devrez pas déroger car c’est un règlement qui avant tout assure votre sécurité.
Je crois que nous avons fait le tour, je vous ai parlé des nouveautés et du reste. Comme vous avez pu le constater depuis l’an passé, Savio fait peau neuve et il y aura encore des travaux cette année, mais cela devrait être bien avancé d’ici Noël.
Nous comptons sur vous, comme vous comptez sur nous. Je remercie certains anciens parents de leur confiance. Je remercie également ceux qui nous ont appelé dès qu’ils ont senti leur enfant vaciller, cela nous a permis de régler plein de situations. Je tenais à vous en remercier parce que c’est comme cela que votre enfant se construit. Et puis, un jour de rentrée des classes comme aujourd’hui, on se souvient des élèves tels qu’on les a quittés en juillet et on trouve qu’ils ont grandi. Vous me direz c’est normal à l’adolescence. Mais ils ont grandi à tous points de vue, parce qu’inconsciemment ils ont digéré, porté à maturation tout ce qu’on a pu leur enseigner pendant l’année scolaire. Et ça c’est la force de Savio.
À propos du brevet, je pensais que certains ne pourraient pas l’avoir et finalement ils l’ont eu, cela a été une grande et belle surprise pour moi. Il y en a un qui m’a dit lors d’un entretien téléphonique : « mais attendez Christophe, avec tout ce que vous nous martelez toute l’année, on ne peut pas l’oublier ! » Quant à Vitas, qui n’était pas du tout scolaire, il a décroché son brevet avec brio. Autant vous dire que ce sont des moments géniaux pour un éducateur. On se dit on y va, toujours plus haut et toujours plus fort.
Ce qui est important pour les nouveaux c’est que les grands vont parrainer les petits. C’est-à-dire que les troisièmes, peut-être aussi des quatrièmes, seront parrains d’un élève. Cette notion de tutorat, de parrainage, de grand frère est importante. Et il y aura une étude partagée entre grands et petits, Savio, c’est une grande famille et on veille vraiment sur les petits..
Je n’oublierai jamais ce que l’on m’a dit il y a vingt ans, lors de la première rentrée. Une famille au grand complet, fratrie, grands-parents, marraine et parrain, hésitait à me confier un enfant pour des raisons qui n’avaient rien à voir avec ma compétence. Finalement, ils décident d’inscrire l’enfant. J’étais à la porte lorsque la maman, alors sur l’avant-dernière marche de l’escalier, m’a dit : « Vous ne vous rendez pas compte Monsieur Labrousse de la confiance que l’on vous accorde ! » Une chape de plomb m’est tombée dessus, mais je n’ai jamais, jamais, jamais oublié ce que cette dame m’a dit. Il est important que vous ayez confiance en nous et nous vous en remercions en faisant ce que nous faisons pour vos enfants et en veillant à la qualité de l’enseignement et de l’éducation qui sont dispensés ici. Je n’accepterai jamais la médiocrité.
Christophe Labrousse