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L'école des parents

Réunion du 26 mai (matin) du Cercle des Parents pas Carrés

COMPTE RENDU

Les pressions scolaire et parentale

Christophe Labrousse débute la séance en rappelant comment il souhaite que l’on travaille durant cette matinée : Christophe conçoit son rôle comme celui d’un chef d’orchestre. Tout le monde doit participer en commençant par indiquer un ou plusieurs mots qu’évoque le thème de cette matinée.

LA PRESSION SCOLAIRE

Un quart des enfants âgés entre 11 et 15 ans sont « malades de l’école » selon les dernières statistiques.

Les mots auxquels ce thème fait penser :

Nous avons deux aspects importants : le premier est de l’ordre du ressenti et l’autre est tout ce se crée autour de ce mal être.

De l’ordre du ressenti, qui fait mal         Pression               Tout ce qui autour crée ce mal être

(conséquence)                                             qui                     (cause)

peur                                                           écrase                   collectif

colère                                                          broie                   comparaison

culpabilité                                               différent de         challenge/compétition/défi

poids                                                        stress                     notes

abandon                                                   positif                   réussite

confiance en soi                                                                     apprentissage

frustration

Moule

Temps

Mal faire

Perte d’estime de soi

Etre un autre (norme)

Ecoute

Respect

Oubli de l’individu

Motivation

CL : une pression est une action qui écrase. Cela peut avoir des résultats positifs ou négatifs. Tout dépend de la manière dont elle est gérée. Selon le dictionnaire : une force qui agit sur une surface donnée ( à la différence de sous-pression) – action de presser ; faire peser.

Pression-dépression ? Quand on appuie automatiquement, on écrase. Le vecteur commun, c’est le fait d’écraser. À partir de cette pression scolaire, on va essayer de comprendre pourquoi et qu’est-ce qui fait qu’il y a pression aujourd’hui quotidiennement et comment on peut y apporter une réponse.

CL : Je connais des parents qui se sont mis eux-mêmes en souffrance car ils sont très exigeants vis à vis de leurs enfants et leur font subir une telle pression qu’il leur font perdre confiance en eux-mêmes et qu’ils perdent également leur estime de soi.

Moule : ne pas rentrer dans le moule. Il s’agit de la différence entre ceux qui réussissent et ceux qui ne réussissent pas. Le moule correspond à la majorité des enfants qui suivent.

Temps.

CL : On ne laisse plus le temps à nos enfants de faire les choses. Il y a deux raisons à cela. D’abord, les programmes scolaires qu’il faut absolument avoir bouclé à la fin de l’année. Il y a les élèves qui suivent et ceux qui ne suivent pas et demandent forcément plus de temps. Il est difficile de terminer le programme pour peu qu’il y ait aussi des grèves et que tout cela se fait avec des effectifs réduits. Si je compare les programmes de 1996 à ceux de 2018, ils n’ont plus rien à voir. Les programmes d’aujourd’hui sont très orientés. On n’apprend plus dans la 1ère Guerre mondiale le rôle que les femmes y jouèrent, pas plus que le travail dans les campagnes. De nos jours, les programmes sont aussi chargés qu’il y a 22 ans, mais ils ne sont plus adaptés aux enfants. Ces derniers manquent de chronologie et peuvent vous dire sans sourciller que Jules César est le fils de Louis XIV. Or l’histoire est justement la matière qui va leur faire comprendre la chronologie et, si les enfants ne peuvent plus se situer dans le tem,ps ils vont écrire des bêtises qui ne les choqueront absolument pas. On n’apprend plus la vie de Louis XIV, ni celle de Napoléon. Quant à la Révolution Française on passe dessus assez rapidement. Il est vrai que l’on joue contre le temps. On impose déjà cette pression à l’enfant : on va au pas de charge et, pour l’histoire géographie, on fait de moins en moins de cours.

Les enfants ont du mal à récupérer. Ils sont vite fatigués et les écrans ne les aident pas à recharger leurs accus. Devant un écran, ils deviennent amorphes et passifs. Ils se font happer sans même s’en rendre compte et ne se tiennent plus correctement. Cela donne des enfants incapables de se tenir normalement en cours et qui vont avoir des problèmes de colonne vertébrale. Tout cela est néfaste à la concentration. C’est aux parents et aux enseignants de dire stop. Fascinés par l’écran, nos enfants ont l’impression de ne plus avoir le temps de ne rien faire.

Dans les petites classes, nos enfants ne sont pas entrainés. Ils n’ont pas de devoirs ou pratiquement rien à faire. Le travail du soir est très important : en rentrant de l’école après une pause, ils doivent se mettre à travailler, et c’est là que la pression parentale a un rôle à jouer.

Les enfants sont sous pression en cours et, s’ils ne font rien le soir, il y a discordance.

Il ne faut pas oublier également que nous avons aujourd’hui des enfants précoces qui s’ennuient facilement à l’école. Il faut aussi les occuper le soir.

Peur de mal faire : un parent explique que son fils a peur de mal faire en raison des reproches incessants de la maîtresse et qu’à partir de là, ayant peur de décevoir, il est totalement en retrait.

Colère : une maman explique que son fils qui n’arrive pas à rentrer dans le moule est en colère. « Il a l’impression que l’on veut le formater et cela le met en colère. C’était un enfant curieux, en avance et qui parlait beaucoup. Tout cela est terminé. C’est devenu un enfant cassé par le système parce qu’il dérange et ne trouve pas sa place. »

CL : cela pose la question de qu’est-ce que la norme ? Qu’est-ce qui se fait ou ne se fait pas ? Qu’est-ce qu’une personne normale ?

La pression scolaire : un parent remarque que, pour l’enfant, c’est l’éducateur qui a raison. Sa parole a plus de poids que celle des parents.

Écoute

CL : L’école n’écoute pas assez l’enfant pourtant il est important qu’il soit écouté et entendu à l’école. Les enfants s’isolent ou on les isole de la classe, et ils vont cultiver l’abandon. Il ne faut pas culpabiliser les enfants, cela leur fait porter un poids, et les isole encore plus.          En plus, il y a la frustration de ne pas pouvoir communiquer avec l’enseignant et on finit par obtenir des réactions du genre « à quoi bon puisque je suis nul ? » Si problème il y a, la solution n’est pas de mettre l’enfant au fond de la classe. Il ne faut pas oublier que le taux de suicide des jeunes est le plus élevé depuis vingt ans.

C’est d’énergie positive que nos enfants ont besoin, cette énergie positive qui leur vient de l’amour que leur portent leurs parents. Ce n’est pas une tablette qui va leur donner cette énergie, c’est notre présence et nos mots qui vont les réchauffer et les rassurer. Éduquer passe par l’écoute. Nous devons fait passer un message qui doit être compris. S’il n’est pas compris, nous devons adapter    notre vocabulaire en fonction de la personnalité de l’enfant. À la maison, il faut prendre le temps de discuter en utilisant les mots appropriés et sans jamais juger. Il ne doit pas y avoir de sujets tabous dans les familles. On peut parler de tout en faisant attention à l’âge et à la personnalité de l’enfant avec qui on discute. L’écoute est primordiale et il n’est pas inutile de demander à l’enfant de temps à autre lors d’une discussion : « Tu m’écoutes ? » et si nécessaire de le faire sous forme d’ordre : « Tu m’écoutes ! ». Il est utile aussi de leur demander, pour voir s’ils ont bien compris, de répéter, de reformuler avec leurs propres mots. Ceci est également valable pour l’école.

Respect : notion essentielle qui est la base de tout. À ce sujet, un professeur qui respecte ses élèves se fera automatiquement respecter et n’aura pas de problèmes de discipline en classe.

Collectif : il faut faire attention à ne pas oublier l’individu qui va constituer le groupe. Ce sont les personnalités additionnées qui font la richesse du groupe.

Comparaison : les comparaisons sont à éviter. Malheureusement, elles existent autant à l’école qu’à la maison, et dans les deux cas, font beaucoup de dégâts. Il faut faire très attention à la manière dont elles sont faites. Bien gérée, la comparaison peut être une émulation dont l’individu a besoin.

Challenge/compétition/défi. On insuffle à nos enfants cet esprit de challenge, est-ce que ce n’est pas écrasant pour certains d’entre eux ? En fait, certains en ont besoin, d’autres pas. Il va falloir trouver le bon dosage, faire comprendre à nos enfants que l’archétype diffusé par les médias n’est pas forcément le bon modèle et qu’il vaut mieux réussir sa vie que réussir dans la vie.

Il y a une véritable pression sur les résultats dans certains lycées car le pourcentage de réussite au baccalauréat joue sur la notation de l’établissement. De ce fait, ces lycées risquent de ne pas prendre un gamin dont la réussite au bac n’est pas sûre

Nous sommes dans une société en pleine mutation ; dans dix an, il y aura 67% de nouveaux métiers, c’est une pression supplémentaire pour les jeunes. C’est compliqué pour les enfants car il y a toujours un temps de retard à l’école sur l’évolution sociétale. Ils sont donc dans l’expectative et aller dans l’inconnu est très déstabilisant.

Notes. Les notes sont indispensables. Selon Christophe Labrousse, la fourchette de 0 à 20 est très bien ; de 0 à 10 est trop réducteur lorsque les enfants sont au collège. Quel que soit le nombre de fautes dans un devoir, on ne met pas de notes négatives. Si un enfant est absent, on lui fait refaire le devoir.

Christophe Labrousse, quand il fait faire un devoir, demande également le brouillon pour connaître le cheminement du raisonnement de l’élève.

Le contrôle continu est intéressant dans le cadre des examens pour les enfants qui perdent leurs moyens et ils sont 4 sur 10 dans ce cas. Mais à ce moment-là, il ne doit prendre en compte que les devoirs réalisés en classe.

LA PRESSION PARENTALE

Exigence                                                                                           écoute

Comparaison                                                                                    adaptation

Peur                                                                                                  exemple – goût de l’effort

Peur de ne pas être aimé pour ce que l’on est                          être – exister

La pression des parents aujourd’hui est la plus importante. Pensant mieux armer leurs enfants face aux défis de demain, leurs pressions dépassent parfois tout entendement. Il est difficile pour eux de penser sereinement à l’avenir de leurs enfants tant celui-ci est incertain. Devant la précarité de l’emploi, beaucoup de familles ont peur du lendemain. L’évolution sociétale est effrénée et les parents ont du mal à y faire face.  Ce phénomène rejoint le thème de « Peut-on tout dire à son enfant ? » Concernant les licenciements, le chômage, les difficultés de l’avenir, il ne faut rien cacher, mais en parler avec les enfants sans les inquiéter, en leur donnant à

entendre que l’on trouve toujours des solutions.

Adaptation : Ceux qui s’en sortiront le mieux ne sont pas forcément les meilleurs en classe, mais ceux qui vont croire en eux, ceux qui vont accepter et répondre au challenge. Le maître mot sera savoir s’adapter. Même les entreprises recruteront sur le savoir être plutôt que le savoir faire.

L’un des problèmes majeurs est que l’on ne leur fait rien faire à fond. C’est la génération de Maya l’abeille : ils butinent. On ne leur enseigne plus les fondamentaux, on ne leur fait pas faire de devoir, donc il n’y a pas d’entrainement et, quand ils arrivent au collège, ils sont noyés.

LES CLÉS

  • Alléger le stress au quotidien, sans renoncer à vos exigences
  • Donner les priorités
  • Valoriser les temps forts
  • Décoder les enjeux cachés
  • Clarifier les rôles
  • Bien doser les demandes
  • Tendre vers l’autonomie
  • Apprendre à lâcher prise de part et d’autre
  • Oublier l’enfant idéal et ouvrir son ado au monde afin qu’il fasse ses choix de vie en ayant conscience de tous les possibles
  • Réfléchir ensemble aux solutions qui pourraient être efficaces
  • À la fin du Primaire, proposer à son enfant de commencer à faire ses devoirs seul. Petit à petit se construisent l’autonomie et la confiance réciproques
  • La nécessaire liberté de ne rien faire
  • S’adapter à chaque individualité
  • La scolarité ne doit pas prendre toute la place dans la vie des enfants

CONCLUSION

La bonne exigence est celle qui soutient l’enfant, prend en compte ses points forts et ses points faibles et le guide pour aller de l’avant. Dans cette relation, le parent est un partenaire. À l’inverse la pression est faite de harcèlement, d’intrusion, de menace , de chantage, de culpabilisation, elle est tendue vers le seul résultat et nie l’enfant pour ne s’adresser qu’à l’élève. L’image que l’enfant a de lui-même se construit directement à partir des remarques de ses parents. Pour être confiant, un enfant doit entendre que ses parents croient en lui.